Carnet de travail sur la scénarisation d'un long métrage.

Une méthode d'écriture : la méthode libertaire.



mercredi 7 juillet 2010

Leçons de fiction. La densité narrative.


J’aime Bernard Émond quand il s’indigne contre le « pareil au même » sécrété par les écoles de cinéma et les formations en scénarisation. J’aime Denys Arcand quand il entame une conférence sur la scénarisation en insistant sur ce point : personne ne sait comment écrire un film, personne ne sait c’est quoi le cinéma. Ceux qui prétendent savoir comment ça marche, ceux-là sont des menteurs. Tous les scénarios que j’aime ont été écrits par des gens qui ne se seraient sûrement pas intéressés à l’écriture si celle-ci obéissait à une recette. Chaque histoire est un nouveau problème qui demande sa propre solution narrative, sa propre structure, sa propre solution formelle. Il faut préserver, dans la scénarisation, la part de recherche, la part de surprise, la part du nouveau et d’inconnu. J’aime encore Émond quand il dit que la meilleure école, c’est de côtoyer et d’étudier les grandes œuvres. Ou du moins : les œuvres que l’on a aimées. Que ce soit en présence de la littérature, du théâtre ou du cinéma, il est toujours bienfaisant de se demander : comment cette histoire fonctionne-t-elle ?
Quelques œuvres de fiction m’ont récemment offert un enseignement précieux et m’ont révéler un élément fondamental de la dramaturgie contemporaine : la densité narrative ou la multiplication des histoires.

Good Bye, Lenin ! de Wolfgang Becker

Le point de départ de ce film est une très bonne idée ; un jeune homme, vivant à Berlin Est, préserve la santé fragile de sa mère en lui cachant un événement historique qui s’est déroulé pendant qu’elle était dans le coma ; la réunification de l’Allemagne. C’est un bon concept, qui ouvre sur une allégorie politique et historique ; mais les bons concepts comme celui-là ne sont pas suffisant pour faire un bon long métrage.

Pourtant Good Bye, Lenin! est un bon long métrage. C’est que dès le début, plusieurs trames narratives évoluent en parallèle et viennent enrichir l’histoire principale ; d’abord l’histoire d’amour du fils, mais surtout le dévoilement mystérieux du passé de la mère, dont le mari l’a quitté. On apprend que c’est elle qui a refusé de suivre son mari à l’ouest et qu’elle a caché les lettres que son mari envoyaient à ses enfants. Ce qui a de particulier avec cette histoire secondaire, c’est que dans la deuxième moitié du film elle finit par prendre toute la place ; les stratagèmes du fils pour masquer la vérité historique à sa mère sont relégués au plan de l’anecdote coquasse. Lentement, le drame familial finit par tisser la véritable émotion du film.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire